Les Ouled Rechache

 

Les Ouled Rechache constituent une fraction de la grande tribu des Némencha, dans l’Est algérien. Cette fraction est divisée, elle-même, en quatre groupes. Ceux-ci sont établis à cheval transhumance entre hautes et basses terres.

Il s’agit des Ouled Achour, Ouled El Hadj, Ouled Kiata et Ouled Zitoune.

 

 

sur deux finages, les hauteurs des Némencha, dans le secteur de Zouï

, près de Khenchela, et leur piémont sud, non loin de Négrine, à El Méita et Tagraret. Ici et là, les terres qu’ils possèdent sont de statut arch, c’est-à-dire appartenant à la collectivité. Mais alors que dans le premier cas, la

terre est confiée en jouissance perpétuelle aux membres du groupe et transmissible aux héritiers mâles, dans le second les Ouled Rechache maintiennent un système de redistribution périodique desterres.

 Dans ce secteur, déjà saharien, l’arch foncier est demeuré intact. Ses règles de fonctionnement

Sont les mêmes que celles qui le régissaient à l’époque précoloniale.

Ici, le support agricole de l’arch est la culture sur épandage de crue ou la nfidha.

Sur ce piémont, pauvre et austère, la seule ressource est l’eau des oueds montagnards, crues rares mais pouvant être fort importantes. Les eaux sont captées par des cèdes rudimentaires, en pierres et fascines, puis grâce à des raies ou séguias, longues de plusieurs kilomètres, et à leurs ramifications, elles s’étalent largement sur le piémont, ce qui permet de recueillir un volume

d’eau très important pendant un temps très court.

Les séguias présentent une section très grande et les répartiteurs restent ouverts le long de toute l’année, d’où un réseau en forme de peigne,

celui-ci déterminant un parcellaire de culture aux parcelles filiformes et parallèles, d’une largeur de 10 à 30 mètres et une longueur atteignant parfois 1 à 2 kilomètres.

Courant 2004, à El Méita, la nfidha a profité à environ 4.000 hectares, répartis entre 3.200

ayants-droit et à presque la même superficie à Tagraret, mais les terres sont détenues par 3.400

ayants-droit. Pour l’une et l’autre, les règles de partage sont identiques. Les terres sont redistribuées périodiquement à tous les ayants droit, qui sont les membres masculins mariés de la fraction, quel que soit le nombre des personnes à charge pour chacun, leurs fonctions et leurs lieux de résidence.

Tous les trois ans, à El Méita et à Tagraret, la terre est récupérée momentanément par la collectivité. Elle est ensuite divisée, dans chacun des deux endroits, en quatre blocs égaux.

 Puis chaque bloc d’un secteur est remis à un groupe de la fraction, ce qui permet une répartition équilibrée des chances dans le temps, grâce à une occupation alternée. Par la suite, chaque groupe répartit, de manière égale, la part lui revenant entre les différentes familles qui le composent, l’intrusion des

étrangers étant interdite. Après avoir défalqué le nombre des ayants-droit décédés, les familles dénombrent les ayants-droit auxquels elles affectent équitablement les parcelles par tirage aux sort.

Les familles d’un groupe précis ne peuvent bénéficier que des terres se trouvant dans le secteur où elles sont présentes. Pour chaque famille, la part qui revient à chacun ou le farès est fonction du nombre des chefs de ménage vivants. Si lors d’une redistribution, un croît d’ayants-droit est enregistré en son sein, c’est le farès qui diminue. Le farès varie donc d’une famille à une autre.

 Il est défini par sa largeur, qui correspond souvent à quelques mètres seulement, sa longueur n’ayant pas de limite, parce que variable, car elle est fonction de l’étendue de la crue.

Le partage des eaux se fait en volume, et non en temps. En effet, dans le premier cas, chaque utilisateur reçoit une quantité précise des eaux tous les jours de l’année où l’eau coule, alors que dans le second, on lui octroie la totalité du débit durant un temps défini. La création ou l’entretien des

séguias est réalisée par travail collectif. Les décisions importantes sont prises par l’assemblée des Le village de Zouï a reçu comme nouvelle appellation Ouled Rechache. C’est pour éviter toute confusion que nous

avons choisi de garder l’ancien nom. petits obstacles servant de barrage.

Les épandages de crue expliquent l’exclusivité des céréales, car la discontinuité de l’irrigation dans le temps n’autorise guère d’autres cultures. Trois crues, bien distribuées le long de l’hiver, sont suffisantes pour permettre des rendements d’orge de 50 quintaux à l’hectare.

En 2004, pour El Méita et pour Tagraret, où on a pu effectuer une redistribution des terres, les farès ont correspondu à des superficies insignifiantes, pour une culture aléatoire.

Mais c’est le lot d’une pratique qui a pour fondement une manière de sécuriser tous les membres du groupe et empêchant toute concentration au profit de quelques-uns. En fait, plusieurs farès peuvent être travaillés par une seule personne, grâce à la location monétaire ou à l’association, dans laquelle la personne qui a loué reçoit1/3 des produits.

Ce système de redistribution des terres existe de bout en bout du piémont sud des Némencha, mais c’est sur ses modalités qu’il y a des différences. Ainsi à Zéribet El Oued, la redistribution a lieu tous les 5 ans ; à Badès, par contre, le rythme est de 20 ans. Dans ces deux secteurs, les ayants-droit ne se limitent pas aux hommes mariés seulement, mais à toute personne masculine dépassant l’âge de quatorze ans.

 

                

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