Chante chaoui « RAHABA » Un vrai bonheur

     Les «Rahaba», groupes de chant populaire ancien, constituent dans les Aurès en général, et la wilaya de Khenchela en particulier, une expression de l'art populaire et de l'héritage culturel traditionnel, à laquelle de nombreux citoyens restent encore attachés.

  Les Rahaba sont des choeurs masculins qui se distinguent nettement du chant bédouin ou Aurèsien, en solo, des groupes folkloriques constitués de joueurs de flûte (gasba) et percussion (bendir). Les choeurs des Rahaba chantent a cappella. Le groupe est formé de dix choristes au maximum. Habillés de gandouras et coiffés de chèches blancs, ils forment deux rangées qui se font face. Se tenant par les mains, ils exécutent un mouvement de va-et-vient et marquent la cadence en tapant des pieds, tout en chantant ou en répétant des refrains, ponctués de cris gutturaux.

      Les Rahaba accompagnent tous les événements de la vie religieuse et familiale dans les Aurès. Labours, moissons, mariages, circoncisions sont autant d'occasions de constituer un groupe de Rahaba qui crée l'ambiance festive pour la circonstance. Souvent, les fusils se joignent à la fête avec leurs salves de baroud qui soulèvent des nuages de fumée et de poussière, emplissant l'air de l'odeur de poudre. Les youyous stridents des femmes accompagnent les décharges de baroud.

 

L'été, période de fêtes de mariage par excellence, est la saison propice pour la constitution de groupes Rahaba qui se produisent à ces occasions et chantent les répertoires des chanteurs connus de la région, tels Aïssa El Djarmouni, Ali El Khencheli, Abdelhamid Bouzaher, Lamrir Tayeb, Zoulikha … 

     La guerre de libération nationale fut une période durant laquelle les groupes des Rahaba se sont multipliés, y compris dans les maquis. Car si ces choeurs, exclusivement masculins, chantent souvent la femme, ils ont aussi dans leur répertoire un grand nombre de chants religieux, nationalistes et patriotiques. 

 

 

   Rien de tel qu'un bon Rahaba pour gonfler le moral des troupes et, le temps d'une fête, leur faire oublier la dureté de la vie dans le maquis. Mais après l'indépendance, les Rahaba sont redescendus dans les villages où ils sont confinés et ont tout le mal du monde d'en sortir et irradier dans le pays. En effet, à ce jour, seuls deux groupes de Rahaba, El Assala de la commune de Tamza et les Rahaba de la commune de Yabous, se sont fait relativement connaître en éditant des cassettes audio. Ces deux formations ont participé à plusieurs rencontres nationales ou arabes, ainsi qu'aux manifestations organisées en France en 2003, dans le cadre de l'Année de l'Algérie. Mais elles restent peu connues dans leur propre pays. Pourtant, des groupes de Rahaba, il n'en manque guère.

 

 

 

 La direction de la culture de la wilaya de Khenchela a recensé plus d'une vingtaine d'associations locales qui s'intéressent à ce patrimoine musical traditionnel. Ainsi, il suffirait pour les responsables qui auraient à coeur de promouvoir et faire connaître cet art traditionnel de penser à mettre sur orbite quelques-unes de ces formations pour leur permettre de faire connaître leur art et, peut-être, de faire école pour la constitution de la relève nécessaire à la préservation de cet art populaire.

 

 

 La Tribune (Algérie) 15 Février 2005

 

 

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