Personnages de Khenchela     

 

 -  El Kahina

                                                                   


       Kahena, de son vrai nom Dihya ou Damia (en tifinagh), est une reine guerrière berbère qui combattit l'expansion islamique en Afrique du Nord au VIIe siècle. Elle est la principale figure, avec Kusayla (chef des tribus des Awarbas), de la résistance berbère en Afrique du Nord à l'avancée des troupes musulmanes entre 695 à 705.

À l'aube de l'arrivée des Arabes en Afrique du Nord, l'unité politique et administrative de la Berbérie Orientale et Centrale (les Aurès, actuelle Algérie) était en grande partie réalisée par Kusayla. À son décès en 688, Dihya prend la tête de la résistance. Issue de la tribu des Dejrawa, une tribu zénète implantée dans les Aurès (à l'est de l'actuelle Algérie) - comme le furent plusieurs rois (agellid, pluriel igelliden) berbères de Numidie - a été élue ou nommée à cette charge par le conseil de la confédération des tribus. Dihya procéda ainsi à la réunification de nombreuses tribus de l'Afrique du Nord orientale et du Sud
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                         Histoire de Kahena selon Ibn Khaldoun

      La tribu des Dejrawa était forte et puissante de la confédération des Zénètes. La conquête de l'Afrique du Nord sera ordonnée par Muawiya ( chef de la dynastie Omeyade).

À l'aube de l'arrivée des Arabes en Afrique du Nord, l'unité politique et administrative de la Berbérie Orientale et centrale (les Aurès, actuellement à l'est de l' Algérie et de la Tunisie) était en grande partie réalisée par Kusayla. Par la suite, Kusayla entre en conflit avec Oqba Ibn Nafi Al Fihri. Àprès la mort de Kusayla en 688, Dihya prend la tête de la résistance. Dihya a commandé la tribu des Dejrawas pendant 65 ans, d'après les propos d' Ad Darisi,qui ont été rapporté par Ibn Khadloun, la Dihya a vécu 127 ans. La même source d'Ibn Khaldoun ajoute que Dihya a gouverné l'Ifriqiya pendant 5 années.

Dihiya ordonne la mort de Oqba Ibn Nafi Al Fihri . Les Berbère Tahuda exécutent l'ordre de tuer Oqba Ibn Nafi Al Fihri. La guerre se déclenche entre les Berbères et les Omeyades. La tribu berbère des Banou Ifren Zénète sera la première tribu à défendre les territoires au côté de la Kahina .

La Dihya sortira vainqueur et triomphante de cette guerre.

Hassan demandera les renforts musulmans. En 693, l'armée d'Hassan consolidée écrasera les troupes berbères commandées par la Dihya. Cent mille berbères seront masacrés par Hassan dans les Aurès.

La Dihya, surnommé Kahina par quelques historiens arabe, sera tuée par Hassan et ses fils adoptent l'Islam par la suite.

Avant sa mort, elle ordonne à ses fils d'aller rejoindre Hassan.

Parcours

 

   Alors que les musulmans ont déjà conquis un vaste territoire ils butent sur la résistance des byzantins (chrétiens), implantés essentiellement sur les côtes et en particulier à Carthage et Septum, mais aussi celle des Berbères. Les troupes musulmanes dirigés par Hassan Ibn Numan cherchaient à s'emparer de Carthage pour posséder l'Ifriqiya et se frayer un chemin vers l'Ouest. Le roi Kusayla, les Carthaginois et Dihya se liguèrent pour empêcher ce passage. Carthage finit par tomber aux mains des troupes musulmanes en 695 et Hassan Ibn Numan se fait nommer gouverneur d'Ifriqiya. L'empereur Leonitos récupère Carthage pour trois ans. La seule résistance qui demeurait alors était celle de Dihya. Hassan demandera les renforts musulams. En 693, Après le renforcement des troupes musulmanes, Hassan écrasera les troupes berbère commandés par la Dihya. Cent mille berbères seront massacrés par Hassan dans les Aurès.

À la première bataille, Dihya remporta une victoire sur les troupes d'Ibn Numan à Miskyana, entre Tebessa et Aïn Beïda, dans la région constantinoise) :
Dans la vallée de la rivière, déserte et à sec, la Dihya décide d'y dissimuler son armée pendant la nuit, en partie dans la montagne, en partie derrière, sa cavalerie et ses troupeaux de chameaux, pour prendre en embuscade les troupes d'Ibn Numan. Lorsque les Arabes attaquent, ils sont accueillis par une pluie de flèches tirées entre les jambes des chameaux des Berbères. Les Arabes sont écrasés. Les Aurésiens les poursuivront jusqu’à Gabès. La Dihya vient de remporter sa plus prestigieuse victoire, celle de la Meskiana, qu'on appellera « La bataille des chameaux », et parvient à repousser les troupes du Calife jusqu'en Tripolitaine. Ibn Numan sera à nouveau battu en 695 prés de Tabarqa par la Dihya.

 Ibn Numan reporta ses efforts sur Carthage en 699, qu'il reprend, avec la maitrise des mers et du bassin occidental de la Méditerranée. Il demanda alors un supplément d'hommes au calife Ibn Marwan pour s'attaquer aux Aurès, seul rempart restant. Sachant sa défaite imminente, Dihya fit pratiquer la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l'envahisseur de s'approprier les terres, s'aliénant par là une partie de son peuple : Berbères sédentaires citadins, nomades et des campagnes.

Kahena s'engagea une dernière fois dans la bataille en 702 à Tabarqa. La défaite des troupes de Dihya est en partie due à la trahison par Khalid, jeune Arabe que la reine avait épargné et adopté selon la coutume de l'anaïa (« protection ») en vigueur chez les anciens Berbères.

Faite prisionnière, Dyhia fut décapitée, et sa tête apportée au calife. Ses deux fils, Ifran et Yezdia, sont forcés de se convertir à l'islam et rejoignent les troupes maures en partance pour l'Espagne. Elle eut également une fille nommé Khenchela.

Divergences historiques

 

       Le rôle joué par Dahia a constitué un enjeu considérable pour ses commentateurs. Les sources que nous avons sur Kahina, symbole indirectement du frein à l'expansion musulmane, proviennent en grande partie des historiens musulmans. C'est donc pour certains d'entre eux, sur des arrière-pensées et vues politiques que sont basées leurs affirmations. Cela est d'autant plus difficiles à vérifier que les autres sources sont rares.

Véritable nom

 

        Son véritable nom reste inconnu. Elle s'appelait peut être Kahena, Kahya, Dihya (Dihya bent Matya bent Tifane), ou Damya.

En effet, cet élément fait objet de nombreuses interprétations idéologiques, ainsi le surnom de Kahina, qui signifierait en un sens « sorcière », car décrite comme un personnage haïssable par certains historiens musulmans[réf. nécessaire], comme Ibn Ben Attir et Le Bayan [réf. nécessaire]. Mais le sens n'est probablement pas péjoratif, puisqu'à l'origine, ce terme dérive de l'hébreu "Cahen, Cohen" qui signifie prêtresse et du grec être pure. Ces mêmes historiens rapportent que son vrai nom serait Dihya.

De même le surnom Damya, dérivé du verbe amazigh edmy signifie « devineresse », « prophétesse ». Dihya, en berbère signifie « la belle ». Elle fut souvent appelée Reine Dihya Tadmayt/Tadmut (« La belle Reine gazelle »).

Religion

 

         La religion de cette Berbère, d'origine noble et descendante probablement d'une longue lignée royale des Aurès, n'est pas établie de manière sûre. Était-elle chrétienne ? Animiste ? Les sources historiques apportent des témoignages bien divergents.

Selon l'historien et géographe français, le professeur Émile Félix Gauthier : « Les Djeraouas ne sont plus des chrétiens comme les Aurébas, mais bien des juifs ». Auparavant, Strabon avait témoigné à l'époque romaine que les juifs étaient nombreux en Afrique du Nord. Certains y étaient venus librement au fil des siècles avec les phéniciens, dès le temps des Carthaginois, tandis que d'autres y avaient été déportés par Trajan, après avoir tenu tête en Cyrénaïque aux légions romaines. Ainsi avaient-ils participé à la conversion de nombreuses tribus berbères.

Certains (c'est le cas de Gabriel Camps dans son livre Berbères - Au marges de l'histoire) pensent que Dihya était chrétienne parce qu'elle était la fille de Matya lui-même fils de Tifan. Des noms qui seraient les déformations de Matthieu (comme l'Apôtre) et Théophane (repris par de nombreux Saints chrétiens). Aussi le christianisme était largement répandu, une grande partie des populations berbères du nord avaient été christianisés sous l'empire romain.

D'autres laissent entendre que Dihya aurait pû être animiste sans pouvoir pour autant préciser de quel culte il s'agirait, les Berbères ayant été païens avant l'arrivée du christianisme. Ainsi, la signification prêtresse et être pure de son nom Kahena, correspondrait à une tradition animiste en Afrique du Nord, selon laquelle les prêtresses subiraient un rituel de purification.
En prenant pour exemple la reine touareg Tin Hinan que l'on supposait, de la même manière, chrétienne, alors que la découverte récente de son tombeau laisse penser qu'elle était animiste.

Politique de la terre brûlée

 

        L'historiographie a également mis l'accent sur la politique de la terre brûlée qui aurait été pratiquée sous la Kahena, d'après Ibn Khaldoun, Ibn El Athir et Le Bayan, ce qui aurait motivé le mécontentement des cultivateurs de la côte. Cette version est contestée par certains selon lesquels, il se serait agi, pour les historiens musulmans, de discréditer la reine berbère hostile à l'expansion musulmane : des villes et des villages auraient certes effectivement été brûlés, mais cela s'expliquerait non par l'invasion arabe, mais par le fait que l'Afrique du Nord, depuis la chute de l'empire romain d'Occident, était le théâtre d'affrontements entre Byzantins et autochtones, voire entre Berbères nomades et sédentaires.

Archéologie

 

     Dans la région des Aurès, aucune étude sérieuse n'a été entreprise à ce jour. Mais depuis 2006, les autorités algériennes affirment entreprendre des recherches.

En Tunisie, le seul endroit qui témoigne de l'existence de cette femme est l'amphithéâtre d'El Djem.

Anecdotes


       Entre l'antique Thevest romaine (aujourd'hui Tebessa) et l'agglomération de Bir El Ater se trouve un puits appelé « Bir el kahina » (le puits de la kahina), en référence ou en souvenir du lieu où elle aurait été tuée. À Baghaï, actuellement petit village à une vingtaine de kilomètres de Khenchela, les habitants désignent certaines ruines anciennes comme étant les ruines du « palais de la Kahina ».
Le nom de la rivière Meskian, où Kahina y remporta sa première victoire contre le général Ibn Numan, ainsi que celui du village de Meskiana qu'elle traverse, viendrait des mots berbères Mis n Kahina qui signifie « les fils de Kahina ».
Certains berbères chaouis des Aurès disent qu'ils ont le « nez de la Kahina » qui d'une grande beauté aurait eu, un peu comme Cleopâtre, un nez particulier, mais cette fois non pas long mais doté d'une petite bosse.

 

   


Dans toute la region des Aurès, le nom Diyya est assez courant chez les chaouis. Aussi, le personnage historique de Dihya est devenue de nos jours un symbole, aux cotés de Massinissa et de Jugurtha, etc. La tradition orale des chaouis ne donne pas beaucoup de renseignements précis sur tout le parcours historique de la Kahina ni même sur sa tribu des Dejrawa ni d'ailleurs sur les Zénètes ni des Houaras ni des Aurébas.

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   Abbes Laghrour        




1-Naissance et jeunesse 

   Abbès Laghrour naquit le 23 juin 1926 à Douar Nessigha (Khenchela), au sein d'une famille très pauvre . Il entra à l'école française et réussit à obtenir son certificat d'études primaires après avoir débuté dans la vie active en étant employé comme cuisinier chez le gouverneur de la ville. C'était en 1948.

2-
Son activité avant la Révolution.

      L'adhésion du martyr au mouvement national (Parti du Peuple Algérien) eut lieu très tôt, en 1946. Il activait avec le militant Brahim Hannachi, responsable régional pour les Aurès. Son patron le suspecta lorsqu'il le vit en compagnie de ce dernier dans l'un des marchés. Il fut alors renvoyé de son travail et ouvrit une boutique de fruits et légumes au marché public de la ville et ce, afin de dissimuler son activité réelle aux yeux du pouvoir colonial.
   Cette boutique devint ainsi un lieu de rencontre pour les militants du parti dans lequel ils tenaient leurs réunions clandestines. Parmi eux, nous citerons Chihani Bachir, responsable du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques au niveau de Batna. Compte tenu des qualités remarquables du martyr, il fut nommé responsable de la kasma (cellule) du parti à Khenchela.
Parmi ses actions les plus importantes, il y a lieu de citer:
- Sa participation aux manifestations qui eurent lieu le 1er et le 8 mai 1945 dans la ville.
- L'organisation d'une marche de protestation en 1951 qui a réuni un certain nombre de jeunes de la ville venus dénoncer la situation dramatique vécue par peuple algérien. Parmi les revendications les plus importantes exprimées par les manifestants figure la lutte contre le chômage et la fourniture de pain.
 


     Ces revendications furent soumises aux autorités françaises lesquelles, suite à cela, procédèrent à l'arrestation de Abbès Laghrour ainsi que certains de ses compagnons. Il resta 03 jours en prison durant lesquels il fut sauvagement torturé; Ce qui lui occasionna une maladie pulmonaire qu'il fut contraint d'aller soigner à Batna. Le parti MTLD prit en charge toutes les dépenses pour ses soins. A sa guérison, il retourna à Khenchela pour poursuivre clandestinement son activité au sein du parti.


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    Ali-El Khencheli

 

  


          Le chanteur chaoui Ali El Khencheli, de son vrai nom Mahmoud Djallal, est décédé jeudi à l’âge de 90 ans. On ne peut évoquer la disparition de ce brillant aède des Aurès sans avoir aussi une pieuse pensée à l’endroit de cheikh Aïssa Djermouni El Harkati (1886-1946) son mentor, ainsi qu’à cheikh Bouregaâ (1903-1990) ou encore à la diva du bédouin Beggar Hadda (1920-1996), décédée, elle, dans la rue, mendiante et à moitié folle. Malgré une certaine marginalisation (qui est du reste toujours d’actualité), cette « bande des quatre » aura marqué d’une manière ineffable le XXe siècle en Algérie. Et dans ce tumulte de l’histoire, Ali El Khencheli reste, en dépit des circonstances, un nom gravé en lettres d’or pour la pérennité de cet art de tradition orale, un patrimoine musical millénaire.


Pour l’anecdote, durant de longues années, cheikh Bouregaâ (qui n’a eu de cesse de chanter et même de « tourner » jusqu’à 86 ans) racontait souvent cette « nuit de M’daourouche », une fête mémorable, un mariage légendaire célébré dans les années 1930 par Aïssa Djermouni, Ali El Khencheli et lui-même.

 

Cette performance marquera, paraît-il, les trois « troubadours » leur vie durant. D’après les connaisseurs, la spécialité d’Ali El Khencheli était ce qu’on appelle le « Rockrocky », un genre très festif entre le profane et le sacré. On attribue souvent à Ali El Khencheli un sens inné de la fête, une voix puissante et un amour infini pour l’art. Alliant sa passion pour la musique à celle qu’il voue également à son métier « artistique » de coiffeur (qu’il exerce de 1935 à 1965), Ali El Khencheli tâte durant sa longue existence toutes sortes d’expériences. Il ne cesse aussi de chanter. Bien que très âgé, sa voix est restée presque intacte.

 

 On l’a même vu s’initier un jour au malouf à côté de cheikh Mohamed-Tahar Fergani, et ce, dans un istikhbar qui ferait pâlir nombre d’interprètes de cette musique citadine qu’on dit pourtant très codifiée. C’est dire l’étendue de la gamme d’Ali El Khencheli, qui fera ses débuts dès les années 1930 aux côtés de l’inénarrable Aïssa Djarmouni, la véritable figure de proue de ce qu’il convient de considérer comme un véritable mouvement culturel. D’ailleurs, nombre de chercheurs ou musiciens célèbres (à l’instar de leur illustre prédécesseur, le compositeur hongrois Bela Bartok) s’intéressent aujourd’hui encore à cette musique qui dégage, dit-on, un souffle de liberté qu’on ne retrouve désormais que dans le seul et unique jazz. Dieu merci, un certain nombre d’uvres auront été gravées pour l’éternité.

 

        

 

  Le dernier enregistrement concernant Ali El Khencheli remonte à 1999, une excellente production de l’Institut du monde arabe. Quant à son tout premier enregistrement, il date de 1949. Il s’agit en fait de son fameux tube, le sulfureux Kharjat men el hammam tsouj. Il y en aura d’autres : Ma lebestek men lahrir, Lali abar wa yessir, Kijina men Aïn Mlila, Ayache a Memmi, Ajbouni ramgat ghzali, Hezzi Ayounek Et puis, il y a aussi l’hommage au « souffle » indissociable de cette musique qui tire sa substance du vent : H’wa wa dhrar (le vent des montagnes) ou Bahri jebba (le vent du Nord). Parmi les fidèles musiciens qui ont accompagné Ali El Khencheli durant toutes ces longues années figure incontestablement « El gassab » Larbi Rezaïguia, un flûtiste de talent qui l’accompagna de 1947 à 1967. Il y a aussi d’autres excellents interprètes comme Slimane ou encore Sahraoui. En rendant son dernier souffle, le patriarche Ali El Khencheli laisse 11 enfants et plus d’une centaine de petits-enfants. Espérons que la relève sera là !

 

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     Dahmane El Harrachi

 

    

 

         Originaire de Khenchela, Dahmane El Harrachi, de son vrai nom Abderrahmane Amrani, est né le 7 juillet 1926 au quartier La Fontaine Fraîche à El Biar, (Alger). Pour subvenir aux besoins de sa famille, il a travaillé entre autres comme cordonnier puis receveur de tramway CFRA. Il y passe sept ans faisant la ligne El Harrach - Bab El Oued. Il fabrique de ses propres mains sa première guitare. Après sa période d’apprentissage, il travaille avec l’hadj M’hamed El Anka, Khlifa Belkacem et l’hadj Mnaouar. En 1949, il part en France où il fait connaissance avec plusieurs artistes pour ensuite travailler avec eux, à l’exemple de cheikh Arab Ouyezgarène et cheikh El Hasnaoui. Ce dernier, selon Bendaâmache, « l’admire beaucoup et l’intègre même dans son orchestre », sachant que cheikh El Hasnaoui est exigeant.

 

  

 

Après l’indépendance, rappelle le même intervenant, « la télévision et la radio algériennes lui ont fermé leurs portes. Mais cela n’a pas empêché Dahmane El Harrachi d’avoir du succès auprès du peuple qui savoure toujours ses chansons. Ce peuple qui constitue pour lui sa source d’inspiration. En 1974, il a rempli tout seul le stade Benabdelmalek ». Il meurt le 31 août 1980 dans un accident de la circulation, sur la route de Aïn Bénian. Malgré ses déboires avec la télévision et la radio, Dahmane El Harrachi demeure à ce jour un des artistes les plus appréciés en Algérie et dont l’œuvre a dépassé les frontières. Des œuvres inoxydables par le temps et insaisissables par les boisseaux de l’étouffement. Il disparaît alors que son inspiration est encore en éveil. En effet, il laisse après sa disparition près de trois cents chansons qui ne sont pas enregistrées.

 

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    Souaî Ali 

          La commune de Lamsara, située au nord-ouest du chef-lieu de wilaya Khenchela Connue par  Chahid le Commandant Ali Souaï, tombé au champ d’honneur le 12 février 1961 avec un groupe de valeureux moudjahidine dans la localité d’Inoumer, dans les monts Aurassiens des Béni-Meloul.

Les autorités locales civiles et militaires, associations nationales, les compagnons d’armes, les citoyens, se sont rendues sur les lieux pour participer à la commémoration de cet anniversaire. Dépôt de gerbes, hymne national, Fatiha, ont caractérisé cette première démarche. La délégation a ensuite procédé à l’inauguration du complexe du Chahid, et la visite de la localité martyre Tighza-Ifaredjen, bombardée et détruite en totalité par le joug colonial en 1956, où plus de 98 civils furent tués. De nombreux projets de développement sont engagés dans cette localité historique.

Le défunt Souaï Ali est né le 16.03.1932 à Tébessa, issu d’une famille pauvre, il a appris le Coran dès son jeune âge à la mosquée Sidi Ben Saïd, dans la ville de Tébessa, avant de poursuivre ses études élémentaires où il a obtenu le CEPE. Il quitta l’école et adhéra à l’organisation secrète où il devient un membre influent. Par la suite, il a rejoint les premiers groupes de l’ALN dans la zone de Souk Ahras. Il a été également chargé de mission hors du territoire national notamment en Tunisie, Libye avant d’être désigné par l’état-major de l’ALN à la tête de la wilaya historique «six». En 1959, il prend le commandement de la wilaya «une» après la mort du Chahid Ben-Boulaïd, et ce, jusqu’à sa mort en 1961. La maison de la Culture du chef-lieu de wilaya, a été baptisée au nom du chahid Souaï Ali
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      Zoulikha Saoudi 

 

       L’inculture est un métier qui s’exerce dans notre pays dans différentes sphères avec abnégation, rigueur et indifférence des pouvoirs publics. L’oubli en est l’une de ses armes les plus redoutables. L’écrivaine Zoulikha Saoudi, qui n’est aujourd’hui qu’un label des rencontres littéraires vides de toutes substances, ou une marque familiale déposée, a fait les frais de cette inculture. 

Son oubli, pis encore son bannissement ne sont que les crimes parfaits de l’inculture dominante, non seulement contre la culture, mais aussi contre l’histoire littéraire qui ne demande qu’à être relue et réajustée.

 

Certes, Zoulikha n’est pas un cas isolé, elle est l’exception qui confirme amplement la règle. Qui est cette femme qui a brillé durant les années 1960 avant de succomber en décembre 1972 à l’hôpital Mustapha Pacha lors d’un accouchement difficile ? Elle n’avait que 32 ans, pourtant très en avance par rapport au discours triomphaliste de l’époque. Elle écrivit clairement et sans équivoque, dans El Ahrar (n°22, du lundi 28 janvier 1963), à propos du problème des langues : « Notre littérature écrite en langue étrangère attend de grands efforts des hommes de lettres bilingues. C’est à eux qu’incombe la responsabilité de rendre visible cette production littéraire en la traduisant dans la langue arabe... Notre réalité complexe impose à nos lettrés, toutes langues confondues, d’unir les efforts afin de créer une force capable de conduire la caravane, malgré les difficultés, à sa destinée finale. » Zoulikha Saoudi est loin d’être une illustre inconnue.

 

Publiée même partiellement, elle a su gagner la sympathie des lecteurs qui ont découvert en elle une voix très chaude et spontanée. D’ailleurs, il faut rendre hommage à l’effort personnel du chercheur Ahmed Cheribet, toujours cloisonné à son lit d’hôpital à Annaba, vivant sous la grâce des machines sans que les pouvoirs publics bougent le petit doigt, qui a publié une partie de l’œuvre de Zoulikha. Dans une lettre manuscrite adressée au poète Sayehi El Kabir, en 1960, elle se présente ainsi : « Je suis née exactement en 1944, j’ai fait d’abord mes premières études à la petite école coranique dans la mosquée de Sidi Lazhar, de Khenchela... A l’âge de neuf ans, j’ai rejoint l’école de Khenchela. J’avais comme premier professeur Belkacem Djebaili et le professeur et homme de lettres, Mahboub Boutaleb ; c’est lui qui m’a poussée vers la lecture et la littérature. A la fin de ma quatrième année, j’ai eu mon CEP. Et à 13 ans, j’étais déjà cloisonnée dans la maison familiale. Je ne l’ai plus quittée, ma seule raison de vie, c’était la lecture et le désir de savoir... En 1957, j’ai rassemblé, dans un petit cahier, quelques vers en prose et des nouvelles sous le titre Révélation des douleurs. Après trois ans, c’est-à-dire en 1960, j’ai gribouillé dans un deuxième cahier, sept autres nouvelles d’inspiration sociale et qui traitent de la situation difficile de la femme ; je lui ai attribué le titre Ebauches d’une prise de conscience. » Avec l’aide inconditionnelle de son frère Mohammed, dramaturge et artiste oscillant entre Khenchela, Alger et le Caire, Zoulikha est parvenue à s’imposer dans une société close et fermée et devenir du coup une enseignante libre de se déplacer et écrivaine, avant que son 1er mariage ne l’engouffre dans le silence.

 

Durant ces années fastes, elle s’est vite imposée comme écrivaine incontournable et femme sans concessions. Sa première nouvelle La victime, écrite en 1960 et diffusée à la radio avec l’aide de son premier homme vénéré, le poète Sayehi El Kabir, traite de la condition féminine avec courage et clarté. C’est par le biais de la radio qu’elle s’est fait connaître sous le pseudonyme d’Amal, avant de commencer à publier dans le journal El Ahrar qui était devenu son nouvel espace d’expression, sans oublier El Djazaïria et El Fadjr qui ont publié quelques-unes de ses nouvelles, toujours dispersées jusqu’à nos jours. La mise en valeur de ses écrits et leur publication changeront certainement quelques présupposés de notre histoire littéraire. D’ici quelques années, peut-être, on parlera de mère fondatrice du roman algérien de langue arabe plus que de pères ? Attendons la publication de son recueil Rêveries du printemps (Ahlam Er Rabie) et ses Correspondances, rassemblées minutieusement et pendant des années par Zaynab Laouedj, avec l’aide de Sayehi El Kabir, Mohammed Lazrak, morts depuis quelques années, et la famille de l’écrivaine. Dans sa longue nouvelle publiée dans le premier numéro de la revue Amal : Arjouna, il y a les prémices du roman qui vont prendre forme dans son premier vrai roman La Dissolution (Ad Dhawaban, publié partiellement dans El Ahrar n° 24, à partir du 11 février 1963).

 

 Un roman dans le sens le plus classique qui précède de presque dix ans les deux romans fondateurs : Le vent du sud et L’as. La Dissolution est un roman autobiographique ; l’histoire d’un homme qui s’exile au Caire pour satisfaire son désir théâtral et son ego artistique, et comment se fait sa première rencontre avec la ville mais aussi avec ses idoles de théâtre égyptien tels Youcef Wahbi et d’autres ? Les premiers ingrédients autobiographiques renvoient à son frère Mohammed qui se préparait à une carrière artistique fulgurante, mais la mort tragique de celui-ci a stoppé cette ascension (assassiné à Alger, juste après l’indépendance, dans des circonstances obscures). « La tête dans les nuages, il trébucha dans une rue cairote. Soudain, il vit le regard desséché des gens qui fixaient son mouvement maladroit... Combien de fois s’est-il senti traversé par cette solitude glaciale, en allongeant les rues de sa ville natale, encore enchaînée et accablée ? Il regarda ses mains libres, les chaînes étaient toujours là, enfouis profondément en lui. Une voiture passa en trombe et faillit l’écraser. Il n’entendit que la voix du conducteur : la prochaine fois, tâche de bien regarder devant toi. »

Zoulikha, un grand gâchis pour la littérature arabophone qui a vraiment besoin de beaucoup de Zoulikha pour renverser la vapeur et bousculer les assurances de l’inculture.

 

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